Pensé dès 2008, le projet Dime-SHS a été officiellement lancé le 31 janvier 2012 et a pris fin le 31 décembre 2020, après une année de prolongation au-delà du calendrier initial.

Ce projet au long cours de construction d’une infrastructure pour les SHS en France, avait pour but de mettre à profit les développements permis par les nouvelles technologies de l’information et la puissance des équipements informatiques. DIME-SHS a ainsi permis des innovations majeures dans le paysage de la recherche: - la mise en œuvre d’un panel probabiliste en ligne en France. - l’exposition de l’ensemble des matériaux d’enquêtes qualitatives. - le développement de nouvelles applications, qu’elles servent de plateforme à des opérations telles qu’Elipss ou beQuali ou qu’elles permettent l’exploration, la récolte et l’analyse de corpora en ligne.

De ce point de vue, DIME-SHS a largement dépassé ses ambitions initiales, et ses effets structurants vont perdurer bien au-delà de la fin du financement initial. DIME-SHS a constitué un patrimoine très substantiel de données, disponibles pour l’ensemble de la communauté scientifique, dans un esprit précurseur de la politique contemporaine de science ouverte. Il s’agit de plus de 70 enquêtes quantitatives, 20 corpus qualitatifs, une douzaine de logiciels mis à disposition en open source. DIME-SHS a permis également de constituer un ensemble d’outils et de plateformes qui continuent au-delà du projet. À titre d’exemples, Hyphe est aujourd’hui une plateforme d’exploration du web à la disposition de tous, le panel Elipss poursuit sa collecte de données et sert aussi aujourd’hui d’appui à des collectes de données comme ISSP, et beQuali articule maintenant tout un écosystème d’activités autour des données qualitatives. Mais au-delà de ces réalisations et de leur continuation, DIME-SHS a surtout permis de façonner de nouvelles compétences, de nouvelles expertises et de nouvelles idées. C’est par exemple grâce à DIME-SHS que la France est aujourd’hui l’une des chevilles ouvrières du panel européen Cronos2.

DIME-SHS est aussi une réussite collective qui a fondamentalement charpenté l’identité et les expertises du CDSP. Impliquant plus d’une trentaine d’ingénieurs sur tout ou partie de la durée de l’EquipEx, ce projet transdisciplinaire a mobilisé de nombreux métiers (ingénieur·e·s statisticien·ne·s, gestionnaires de panel, ingénieur·e·s de recherche, documentalistes, archivistes, développeurs web,…). Toutefois, l’une des plus grandes difficultés de DIME-SHS a été de montrer les gains liés aux synergies de la construction conjointe de trois équipements. Si au final, les trois instruments n’ont pratiquement pas mené d’enquêtes conjointes - malgré plusieurs essais dans cette direction -, il existe une plus-value dans l’échange des pratiques, le partage d’expertise et de la mise en commun d’infrastructures. La question des standards, de la sécurité informatique ou juridique des dispositifs, le design et la construction des architectures informatiques ont par exemple été l’objet d’échanges constants et déterminants pour l’avancée des projets.

Dates clés

Évaluation de l’équipement

Dans le cadre de son processus de suivi, l’Agence nationale de la recherche, opérateur de l’équipement, a fait réaliser en 2017 - après 6 années de fonctionnement - une analyse détaillée des pratiques et résultats du projet en s’appuyant sur un jury international indépendant.
Le rapport a fait état d’une évaluation globalement positive des instruments, notamment au vu des objectifs fixés en grande partie atteints. Le rapport note : “One is impressed by the achievements of each of the three components of the DIME project”. Il conclut également : “Overall, the three components of the DIME-SHS project are well on the way of reaching the initial targets of the project. The evaluation of each of these three components of the project is positive.”

Le rapport soulignait néanmoins un risque majeur qui tenait à l’arrêt de la source principale du financement alors projetée pour la fin 2019. Il précisait que la pérennisation de l’équipement supposait que “the main source of sustainability remains institutional support”. En effet, puisqu’il semblait difficile d’envisager une source de financement principale autre qu’institutionnelle, l’arrêt de ces crédits entraînait nécessairement une redéfinition globale des services offerts par DIME-SHS.

Le rapport s’attachait également à proposer des pistes de développement et d’amélioration pour la dernière phase de l’équipement. Le rapport soulignait notamment :

• la nécessaire diversification des sources de financement,
• le renforcement du rayonnement scientifique de l’infrastructure construite,
• ou encore l’accentuation de l’ancrage international.

Les deux faiblesses principales pointées par le jury d’évaluation restaient néanmoins le sous-dimensionnement de l’équipe par rapport à ses objectifs et l’absence de synergies suffisantes entre les différents instruments de l’équipement.

Ces recommandations du jury international ont permis une réévaluation des objectifs et des actions prioritaires à mener par l’Equipex pendant la dernière phase de ses travaux (2018-2019). Cette réflexion a conduit à la formulation d’un plan d’action¹ pour cette période. Ce plan d’action précisait les objectifs opérationnels de réalisation visés (nombre d’enquêtes, développement d’applications…) mais également les opérations à mener pour contribuer à mieux asseoir DIME-SHS dans le paysage de la recherche nationale et européenne.